Ils en ont assez d’être perçus comme des « producteurs de résultats », alors qu’ils sont des « gestionnaires du risque » indispensables au système de santé. L’Ordre des pharmaciens a lancé ce 16 juin une campagne de promotion des biologistes médicaux.

Alors que la crise a mobilisé l’ensemble des professionnels de santé, le pharmacien biologiste médical joue un rôle central dans le parcours de soins et reste pourtant méconnu. C’est le message porté ce 16 juin par le Conseil national de l’ordre des pharmaciens (CNOP) qui proposait un atelier presse pour valoriser et faire connaître la profession.

« Le rôle de biologiste médical est peu connu et pourtant il joue un rôle clé, c’est un maillon essentiel de l’interprofessionnalité en lien avec l’ensemble des autres professionnels de santé », remémore d’emblée la présidente de l’ordre, Carine Wolf-Thal. Ce professionnel contribue en effet à la sécurisation et à la qualité de la prise en charge des usagers du système de santé. Ses compétences ont été présentées en détail par Philippe Piet, président du conseil central G, section des pharmaciens biologistes médicaux de l’ordre, autour de quatre axes : prévention, dépistage, éducation thérapeutique et diagnostic. Concernant plus spécifiquement les professionnels qui exercent en milieu hospitalier, c’est Bernard Poggi, vice-président du Conseil central G qui a pris la parole.

Un maillon essentiel…
« À l’hôpital, où il y a des urgences 24 heures sur 24, le laboratoire est en première ligne avec la radiologie pour la prise en charge des patients », explique Bernard Poggi. Principale contrainte ? Des délais de rendu de résultats très rapides, inférieurs à quatre heures pour la totalité du bilan d’entrée aux urgences. Il participe aussi à 70% des diagnostics. Ces professionnels prennent part également à la formation des étudiants en pharmacie et à la spécialisation des internes en biologie médicale, ainsi qu’au développement professionnel continu (DPC). Participation à la recherche clinique, à l’adaptation des traitements, à la lutte contre les infections nosocomiales, rôle déterminant dans la découverte des marqueurs biologiques… autant de casquettes qui sont méconnues et pourtant « indispensables » au quotidien des établissements. La crise a en outre mis en lumière la nécessité d’une proximité entre réanimation et laboratoire. Les biologistes ont été particulièrement mobilisés.

… mais trop souvent méconnu
« La compétences du biologiste, c’est de faire gagner du temps, c’est un gestionnaire du risque, pourtant, il est sous utilisé. Qu’il s’agisse de ses compétences cliniques, en biologie en pathologie… c’est une difficulté mais aussi une souffrance pour les professionnels », résume Philippe Piet. La spécialité connaît aussi des difficultés de recrutement. « Cette souffrance est connue des étudiants potentiels qui se demandent : vais-je pouvoir donner toute la mesure de mes compétences ? Ce métier a tendance à être réduit à une notion de producteur de résultat, terrible pour ceux qui l’exercent et la population », déplore le président de la section.

Actuellement, 10 000 biologistes médicales sont en exercice, soit environ 3 000 médecins et 7 000 pharmaciens. Ce sont aussi 107 biologistes en formation dans la filière médecine et 160 en pharmacie. Mais la balance est négative : avec les sorties de carrières notamment, chaque année la profession perd une centaine de spécialistes. Le CNOP demande donc de revoir à la hausse le numerus clausus dans ces filières. Mais la question est aussi d’attirer les plus jeunes dans cette voie… d’où cette opération de communication de l’ordre.

« On arrive dans une période où il serait une erreur stratégique de ne pas considérer que les biologistes médicaux peuvent apporter un complément nécessaire à la gestion du parcours de soins du patient », expliquent les représentants du Cnop. Par quoi passe la reconnaissance ? « Il s’agit d’une reconnaissance de l’expertise, il paraîtrait assez logique que les biologistes médicaux puissent, par exemple, quand une patiente vient chercher ses résultats pour une cystite, conseiller et prescrire l’antibiotique adapté. Le parcours de soins pourrait être raccourci, avec des gains de chances pour le patient », décrit Philippe Piet.
Les biologistes médicaux souhaitent donc être mobilisés pour fluidifier le parcours de soin. Ils sont aussi volontaires pour la vaccination Covid-19. Pour la présidente de l’ordre, si cela a d’abord été écarté pour des questions de logistique, « on arrive dans une période plus souple ». Le CNOP appelle de ses vœux l’accès à la vaccination dans les laboratoires. Cette démarche serait, à son sens, un premier pas vers la reconnaissance de l’apport des biologistes médicaux au système de santé.