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Interrogé jeudi 14 mai sur son ressenti de la crise sanitaire, le directeur général de l’Assurance-maladie Nicolas Revel a salué les multiples innovations et initiatives « à tous les échelons du système de santé », à l’hôpital comme en médecine de ville, dont il s’est dit « impressionné ».

« Cette agilité n’était franchement pas habituelle dans notre fonctionnement normal, a souligné Nicolas Revel. À un moment, ça a été la mobilisation générale, les médecins, les professionnels de santé ont eux-mêmes pris l’initiative et l’alchimie s’est faite, les différents acteurs de la chaîne ont su se parler et rendre possible des réponses organisationnelles performantes. »

La CNAM elle-même a dû inventer depuis deux mois des choses « complètement nouvelles presque toutes les semaines », assure son DG, citant les arrêts de travail pour garde d’enfant, des prises en charge d’actes à 100 % et bien sûr l’assouplissement de la télémédecine.

45 000 médecins différents ont téléconsulté

Sur ce dernier point, le patron de la CNAM affirme que la France est « le pays qui aura le plus développé la téléconsultation », ou du moins en aura observé le plus grand nombre rapporté à sa population. « Avec le Covid-19, on est passé de 40 000 téléconsultations par mois à un million par semaine, c’est une explosion ! Et 85 % se font entre des patients et des médecins qui se connaissent. Actuellement, 45 000 médecins font de la téléconsultation en France, et vous allez voir qu’ils vont continuer à en faire », veut-il croire.

Estimant avoir franchi « un cap majeur » sur ce sujet des consultations à distance, le patron de la CNAM n’est pas fermé à un « assouplissement » du cadre initial (comme la nécessité d’avoir vu son médecin en présentiel dans les douze mois précédents), notamment pour des actes de médecine spécialisée (en ophtalmologie, psychiatrie ou pour les consultations pré-anesthésiques). « Avant la crise, j’avais déjà signé avec les syndicats médicaux sur le fait que cette règle du respect du parcours de soins devait être assouplie », a-t-il rappelé.

Sécu : 40 à 50 milliards d’euros de déficit en 2020

Autre sujet qui mobilise l’Assurance-maladie : la mise en place du « contact tracing » à partir d’un patient contaminé pour casser les chaînes de contamination. « Il y a un consensus professionnel sur le principe, assure Nicolas Revel. Le dispositif est basé sur le patient, le médecin, qui est la porte d’entrée, et l’Assurance-maladie, un triangle qui depuis toujours échange des données de santé et partage le secret médical. » Les accès au fichier Contact Covid seront possibles de façon très encadrée et concerneront 6 500 personnes sur l’ensemble des départements.

Interrogé sur la dérive des comptes de la Sécurité sociale à cause de la crise, le patron de la CNAM a rappelé que le déficit se situerait pour 2020 entre 40 et 50 milliards d’euros – avec des dépenses supplémentaires de 7 ou 8 milliards d’euros – et un ONDAM « à 5 ou 6 % ». « Cela pose un vrai sujet, il faudra voir comment on va financer tout cela », a indiqué Nicolas Revel.

Les dépenses nouvelles résultent principalement des actes à l’hôpital, primes aux soignants, équipements de protection, Indemnités Journalières versées pour arrêts de travail et coûts de biologie médicale. L’aide pour compenser la perte d’activité des libéraux de santé – 103 000 professionnels en ont déjà fait la demande – représente, pour les sommes en cours de versement, « facilement 300 à 400 millions d’euros », avait estimé Nicolas Revel un peu plus tôt dans la semaine.