Après la polémique sur les masques, qui ne s’éteint pas, c’est un nouveau cri d’alarme poussé par l’ensemble des biologistes médicaux, à l’hôpital comme en ville, et plus largement par les médecins de toutes spécialités.

Les représentants libéraux et hospitaliers du secteur de la biologie (SJBM, SDB, SNMB, SNMB-CHU, FNSPBHU, SNBH, SLBC, FNSIP-BM) mais aussi plusieurs syndicats* d’internes et de praticiens alertent ce mardi sur la « pénurie de réactifs et d’écouvillons » pour ces tests, limitant « considérablement les capacités de dépistage et la prise en charge des patients ».

Alors que depuis le 7 mars, les laboratoires de ville peuvent réaliser ces tests Covid-19 (sur autorisation de l’agence régionale de santé), avec remboursement de la Sécu, certains laboratoires sont contraints d’arrêter « par manque de consommables », révèlent les syndicats.

Une pénurie exaspérante alors « qu’en Corée du Sud et chez nos voisins allemands et italiens, ces difficultés n’existent pas », pestent les organisations. En Allemagne, la capacité de dépistage est de 160 000 tests par semaine, soit des capacités six fois plus importantes que celles de la France, où 4 000 tests par jour sont réalisés environ.

« Pourquoi la France est-elle l’un des seuls pays à avoir si peu de matériel ? », questionnent les médecins spécialistes, qui mettent en avant l’intérêt d’un dépistage massif démontré par un nombre croissant de scientifiques et publications et aujourd’hui promu par l’OMS pour lutter contre l’épidémie.

Cette grave carence ne s’arrête pas aux réactifs mais concerne aussi les écouvillons de prélèvements naso-pharyngés, « eux aussi présents en quantités limitées sur le territoire », alertent les syndicats. Au point que certains laboratoires privés ou publics sont obligés de développer des « astuces artisanales » pour démultiplier les possibilités d’écouvillonnage.

Dans ce contexte, les professionnels réclament « un engagement fort » du gouvernement et des fournisseurs pour répondre aux urgences et « garantir les capacités de réalisation des tests pour le dépistage de masse prévu à la levée du confinement ». Et de conclure qu’« une généralisation du dépistage dans les laboratoires de ville et d’hôpitaux exige que les moyens matériels soient mis en place avec anticipation et avec des règles claires, mettant à l’abri de tout contentieux ».