COVID-19

La Haute Autorité de santé a rendu, mardi 2 février, son avis sur la place du vaccin contre la covid-19 du groupe pharmaceutique AstraZeneca dans la stratégie française. Elle affirme que tous les médecins, pharmaciens et infirmiers pourraient vacciner, y compris dans les laboratoires de biologie médicale.

Après deux vaccins à ARNm, c’est un vaccin à vecteur viral recombinant qui vient d’obtenir son autorisation européenne de mise sur le marché. Le produit d’AstraZeneca n’est donc pas aussi nouveau que les vaccins à ARNm, mais il utilise une plateforme virale encore peu commune puisqu’il s’agit d’un virus de singe jusqu’ici utilisé uniquement dans un vaccin contre Ebola. Ce vaccin anticovid a fait l’objet de quatre études sur des populations différentes, dans des lieux différents, avec des doses différentes et des intervalles entre les injections différents, ce qui a rendu la synthèse des données particulièrement difficile. Il présenterait une efficacité de 62 à 70 % contre les formes graves, mais comme pour les deux précédents, aucun résultat ne nous informe sur ses capacités à limiter la transmission du virus. Faute de données suffisantes sur des personnes de plus de 65 ans, la HAS préfère le « recommander préférentiellement aux professionnels du secteur de la santé ou du médico-social de moins de 65 ans et aux personnes de moins de 65 ans, en commençant par les personnes âgées de 50 à 64 ans et qui présentent des comorbidités ». Mais une nouvelle étude sur un panel plus âgé, à paraître d’ici quelques semaines, pourrait l’amener à réviser cette position. L’agence préconise par ailleurs un intervalle de 9 à 12 semaines entre les deux injections, période où la 2e dose a un effet amplificateur maximal.
Parce que le produit d’AstraZeneca se conserve au réfrigérateur, et pour simplifier l’accès aux vaccins, la HAS propose aussi de permettre aux sages-femmes et aux pharmaciens de prescrire et administrer ce vaccin. Interrogée par nos soins sur la place des laboratoires de biologie médicale dans le dispositif, elle précise qu’elle se prononce sur les professionnels de santé et non sur les lieux d’exercice : pharmaciens, médecins et infirmiers des laboratoires de biologie médicales pourraient donc vacciner.
10 millions de doses sont attendues dans les trois mois qui viennent.

Mécanisme d’action
Le vaccin AZD1222 d’AstraZeneca est un vaccin à vecteur viral recombinant. Cette technologie consiste à utiliser un virus non pathogène (ici un virus du singe), modifié afin de l’empêcher de se répliquer. Ensuite est intégrée dans son génome la séquence codant la protéine S (Spike) du SARS-CoV-2, et ce afin d’induire une réponse immunitaire humorale et cellulaire de l’organisme dirigée spécifiquement contre la protéine S, et donc contre le SARS-CoV-2.  
Co-développé par l’université d’Oxford et AstraZeneca, ce vaccin est le troisième à avoir obtenu, le 29 janvier 2021, une autorisation de mise sur le marché conditionnelle dans l’Union européenne et il est indiqué dans l’immunisation active contre le Covid-19 causée par le SARS-CoV-2 pour les personnes de plus de 18 ans.
Son efficacité est satisfaisante (entre 62% et 70% selon les études), sa tolérance est très bonne et il se conserve entre 2 et 8 °C, au réfrigérateur.
Faute de données sur la tolérance et sur l’efficacité, l’utilisation du vaccin AZD1222 – comme pour les vaccins de Pfizer/BioNtech et de Moderna – est réservée chez les femmes enceintes uniquement dans les cas où le médecin et la patiente estiment que les bénéfices potentiels semblent l’emporter sur les risques potentiels pour la mère et le fœtus. De même, il n’est pas conseillé de vacciner pendant l’allaitement, ni chez les personnes immunodéprimées et sur les nouveaux variants de SARS-CoV-2.

source: Biologiste infos