16 05 vhc trod

Les tests rapides d’orientation et de diagnostic (Trod) pour le virus de l’hépatite C (VHC) devraient être disponibles « dans quelques semaines » et pourront être utilisés par des associations spécialisées dans le dépistage et par les structures d’aide aux toxicomanes, a déclaré l’association HF Prévention, lors d’une conférence de presse, mardi 12 avril.
Cette mise à disposition des Trod pourrait être suivie d’un élargissement des critères de mise sous traitement antiviral aux patients ayant un stade de fibrose moins avancé, espèrent les associations.
Il y aurait encore en France 74 000 porteurs du VHC qui s’ignorent, soit environ 40 % des patients.
Concernant les Trod pour l’hépatite C, l’arrêté qui permettra leur utilisation -suite à une mesure de la loi de modernisation de notre système de santé- est actuellement devant le Conseil d’Etat. Jérôme André d’HF Prévention, association qui a déjà commencé à utiliser quelques tests, espère que « ces Trod pourront être utilisés de façon large sur le terrain dans moins d’un mois. » HF Prévention prévoit d’ailleurs d’en réaliser « 10 000 par an » avec l’association Aides, les Centres de soins d’accompagnement et de prévention en addictologie en ambulatoire (Csapa) et les Centres d’accueil et d’accompagnement à la réduction des risques pour usagers de drogues (Caarud).
Ce Trod VHC aurait une sensibilité de 96,4 à 99% et une spécificité de 98,2%. A l’instar des Trod VIH, le coût unitaire des Trod VHC se situe entre 4 et 5 euros. Mais pour les associations, le coût global incluant aussi l’activité de conseil et d’accompagnement est fixé à 26 euros. Une enveloppe budgétaire est prévue par la direction générale de la santé (DGS) pour financer cette nouvelle activité « au début de l’été. »
Élargissement des critères de mise sous traitement
Lors de cette conférence de presse, Pascal Mélin, président de SOS Hépatites, a souligné la difficulté actuelle liée aux restrictions à l’accès aux traitements. En raison des coûts élevés des nouveaux antiviraux, la prise en charge est actuellement réservée aux patients ayant un stade de fibrose relativement avancé (stade « F2 sévère » ou plus). Or, comme un grand nombre des formes sévères ont d’ores et déjà été dépistées, il estime qu’en pratique « 80% des personnes qui seront dépistées ne pourront pas être traitées » car elles seront hors des critères. Et il est « difficile d’inciter au dépistage pour dire ensuite aux personnes positives qu’elles ne peuvent être traitées », a-t-il déclaré.
C’est pourquoi SOS Hépatites a une nouvelle fois demandé que toutes les personnes VHC+ puissent être traitées, dans une lettre ouverte adressée à la ministre des affaires sociales et de la santé, Marisol Touraine. Un élargissement des conditions de prise en charge des nouveaux traitements de l’hépatite C serait bien en cours de réflexion, a-t-on appris lors de la conférence de presse. Une telle ouverture serait rendue possible notamment par le fait que l’enveloppe de 700 millions d’euros qui avait été prévue pour financer les traitements selon les critères de sélection actuels n’a pas été totalement consommée.
Lors de la conférence de presse, le Pr Christophe Hézode de l’hôpital Henri-Mondor (AP-HP) à Créteil a justifié la nécessité de traiter toutes les personnes infectées, quel que soit le degré de fibrose, par le fait que le VHC ne touche pas seulement le foie et qu’il existe une surmortalité extrahépatique, liée à une augmentation de maladies cardio et cérébrovasculaires, rénales, de cancers. Pour lui, il s’agit donc d’une « maladie systémique ». Et le traitement diminue cette surmortalité extrahépatique.
Il a également souligné l’impact important du VHC sur la qualité de vie, le virus diminuant les capacités fonctionnelles, la vitalité des patient tout en ayant un impact social et émotionnel non négligeable. Selon lui, l’élimination du virus permet aux patients de « retrouver de l’énergie ». Dépister et traiter un plus grand nombre de personnes aurait un impact sur la transmission et pourrait à terme diminuer massivement la prévalence de cette infection, selon le spécialiste.

Source : Biologiste infos avril 2016