Au-delà des actes techniques, la spécialité met en avant son expertise médicale et intellectuelle

Les biologistes médicaux veulent faire évoluer leur rémunération.

Au-delà des actes techniques, la spécialité met en avant son expertise médicale et intellectuelle

Un vent porteur souffle chez les biologistes médicaux. Lors des récentes Journées de l’innovation en biologie (JIB), plusieurs représentants de cette spécialité médicotechnique ont profité de la soudaine notoriété de la profession, due à la crise sanitaire, pour se projeter dans un changement de leur mode de rémunération.

La question a été évoquée au sein du conseil national professionnel (CNP) de biologie médicale. Pour beaucoup de spécialistes, le mode de rémunération à l’acte technique (avec la lettre clé B de référence) est devenu « archaïque » et en décalage complet avec les responsabilités croissantes du médecin biologiste, juge le Dr Jean-Louis Pons, président du CNP.

À l’heure où nombre de professions cherchent à diversifier leur mode de rémunération (part forfaitaire, incitations), le fait de sortir d’un modèle exclusif à l’acte technique permettrait de « prendre en compte la partie médicale de la biologie, qui risque de se perdre dans l’aspect industriel », analyse aussi le Dr Jean Canarelli, médecin biologiste à Ajaccio (Corse du Sud). De fait, pour les représentants de la spécialité, la rémunération actuelle ne valorise ni les différentes phases de l’analyse de biologie médicale ni la diversité des missions (interprétation, modification de prescription, conseils, etc.).

Perte d’attractivité

Ce travail invisible et non rétribué finit par avoir un impact sur attractivité de la discipline. « Cette année, 14 postes sont restés vacants en médecine, et en pharmacie l’attractivité diminue d’année en année, souligne Aurélie Truffot, coprésidente des internes en pharmacie et biologie médicale (FNSIP-BM). En médicalisant davantage notre rémunération, on pourrait attirer plus d’internes dans cette spé. »

Pour y parvenir, une première piste serait de majorer le prix des analyses en adéquation avec la technicité, le coût de revient, le service rendu ou le temps passé. « Les missions du biologiste doivent être identifiées dans sa rémunération », résume le Dr Henry-Pierre Doermann, président des laboratoires Novabio.

Autres suggestions de la profession : un paiement direct du patient au biologiste pour certains actes isolés (conseil, entretien biologique) ; une valorisation spécifique de l’expertise intellectuelle par un fléchage des ressources ; ou encore le recours à l’article 51 qui permet des expérimentations et des financements dérogatoires. Quant à la rémunération sur objectifs de santé publique (ROSP), qui permettrait de valoriser des missions de prévention, la spécialité s’y intéresse de près (notamment les jeunes médecins biologistes) mais les discussions avec l’Assurance-maladie sont au point mort depuis le début de la crise sanitaire.

Marie Foult


Source : Le Quotidien du médecin